07 novembre 2018

Perdue au milieu du Pacifique-sud, Rapa Nui, ou l’île de Pâques, abrite un patrimoine culturel et naturel préservé, à la fois unique et mystique. Nous nous sommes envolés pour l’une des terres habitées les plus isolées de la planète le temps d’un séjour inattendu et inoubliable ; la petite île des grandes statues moaï n’en finit pas de surprendre.

Un petit morceau de terre émergée, de seulement 162 km2, et longue de 25 km. C’est l’île de Pâques, cette région du Chili située à quelques 3700 km des côtes du pays, à 2000 km des îles Pitcairn, terre habitée la plus proche, et à 4200 km de Tahiti. Rapa Nui, qui signifie « la lointaine » en tahitien, est ce que l’on pourrait désigner comme l’un des lieux les plus perdus et isolés du monde. Elle n’en est pas pour autant moins belle et riche culturellement.

Nous sommes partis à la découverte de l’île depuis Santiago, capitale du Chili. Après un vol de 5 heures, nous atterrissons dans la ville de Hanga Roa, seule commune de Rapa Nui. Cette dernière est aujourd’hui peuplée par environ 6000 habitants permanents. Elle accueille environ 60 000 touristes par an, nombre qui a volontairement été limité par les autorités locales afin de protéger l’île de flux trop importants et de sauvegarder son patrimoine. Rapa Nui dessine une forme triangulaire dans l’océan, que l’on peut voir par les hublots de l’avion en y arrivant. Chaque coin est constitué d’un volcan, tous trois éteints : Poike, Rano Kau et Terevaka. En effet, l’île de Pâques est une terre volcanique, à l’origine très fertile.

En arrivant sur l’île, nous commençons par la découverte du volcan Rano Kau, sur la pointe sud-ouest de l’île. Son cratère fait 300 mètres de profondeur et 1500 mètres d’envergure ; il accueille un lac d’eau douce pendant la plus grande partie de l’année. Le magnifique volcan est situé sur le site d’Orongo, un village rituel dédié au dieu Make-Make et à l’homme oiseau que nous découvrons ensuite. En effet, au cours du XVIIIe siècle, les pascuans changent de croyances, passant du culte des moaï, les fameuses statues de l’île de Pâques, à celui de l’homme oiseau. Ils considèrent alors, selon leurs origines ancestrales polynésiennes, que les humains sont issus d’un œuf, fruit de la rencontre entre la mer et les airs. Chaque année, les hommes des différents clans de l’île partent à la recherche de cet œuf à la nage, jusqu’à l’île Motu Nui, qui est en réalité un œuf de sterne, oiseau endémique de cette partie du globe. Le premier ayant rapporté le fameux œuf si convoité devenait le nouvel homme-oiseau, arbitre des conflits et personne sacrée durant une année. Cette tradition et plus largement ces croyances ne durèrent que jusqu’au XIXe siècle : autour de 1880, les marchands esclavagistes chiliens vinrent chercher des esclaves sur l’île de Pâques, vidant celle-ci d’une grande partie de sa petite population. De plus, les colons emmenèrent avec eux sur l’île des virus tels que la tuberculose, desquels moururent beaucoup de pascuans. Certains chercheurs vont même jusqu’à penser qu’il ne serait resté que 200 Rapa Nui sur l’île pendant plusieurs décennies.

Nous allons ensuite visiter le site Ana Kai Tangata, à côté de celui d’Orongo. Il regroupe plusieurs grottes  naturelles, avec des vestiges de peintures rupestres faites par les Rapa Nui. La promenade est un plaisir pour les yeux et particulièrement ceux des photographes, la roche formant des formes et des coupures spectaculaires devant l’étendue bleue que nous offre le Pacifique. En effet, l’île de Pâques est un lieu qui se pratique largement à pied, ou à vélo, à cheval. Sa taille est adaptée à la promenade et l’on profite d’autant plus de ses richesses en la traversant en marchant. La journée se termine sur un merveilleux coucher de soleil sur l’océan, derrière les statues moaï d’Ahu Tahai, un des nombreux sites de culte des Rapa Nui.

Le lendemain, nous empruntons la route de la côte est, vers l’autre bout de l’île. Nous en profitons pour nous arrêter sur des sites moaï. La particularité de ceux-ci est que beaucoup de statues sont couchées au sol. Les raisons de cette position sont longtemps restées mystérieuses pour les visiteurs, de même que l’œuvre pharaonique qu’elles représentent. Les moaï, ces statues de basalte s’élevant jusqu’à 14 mètres, au nombre de 887 sur l’île, ont une histoire particulière. Elles sont taillées dans des blocs de matière volcanique, d’abord transportés sur des rondins jusqu’aux Ahu, ces lieux de culte particuliers aux Rapa Nui. Une fois sur place, les moaï étaient taillés sensiblement de la même manière : un nez pointu, un front et un menton proéminents et saillants. Ces statues sont disposées un peu partout sur l’île, et datent du XIIe (arrivée des polynésiens sur l’île) au XVIIe siècle environ. Elles étaient  à l’origine le cœur des cultes sur l’île de Pâques, elles représentent les ancêtres, les premiers hommes débarqués sur  l’île. Cependant, les Rapa Nui, en développant l’île et son agriculture, firent face à une catastrophe écologique : les arbres ne poussaient plus et la fertilité du sol s’était atténuée. De plus, l’île, située au cœur de l’océan Pacifique, a fait face à de nombreuses catastrophes naturelles. Ainsi, devant cette lourde perte naturelle, les Rapa Nui cessèrent leur culte des moaï et se tournèrent vers de nouvelles croyances, évoquées plus haut. C’est alors qu’ils renversèrent une partie des statues de l’île, en signe d’abandon de leurs anciens rituels.

Nous visitons ensuite le site d’Ahu Tongariki avec la plus grande statue de l’île, vraiment impressionnante du haut de ses 14 mètres de hauteur. Nous arrivons ensuite sur la poétique baie La Pérouse. De nombreux lieux de l’île de Pâques portent des noms de colons ou explorateurs, du fait de son succès auprès d’eux. Elle doit tout d’abord son nom à l’explorateur hollandais Jakob Roggeveen, qui la découvrit le jour de Pâques 1722. L’île devint ensuite une possession espagnole puis française, et enfin chilienne, depuis 1888. Elle est inscrite depuis 1995 au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Les habitants de Rapa Nui ont aussi l’habitude d’appeler leur île « Te Pito », le nombril de la terre.

Nous continuons la découverte des moai avec les sites archéologiques d’Ahu Ature Huki et Ahu Nau Nau, ce dernier abritant quatre moaï avec des coiffes rouges sur la tête. Nous terminons la journée en profitant des deux seules plages de Rapa Nui : Ovahe, recouverte de sable rose, et Anakena, une plage de sable blanc. Les abords maritimes de l’île de Pâques ne sont en effet pas protégés par une barrière de corail, ce qui fait que les intempéries y sont assez nombreuses, et les plages rares. Néanmoins, il fait en général entre 16 et 28 degrés toute l’année. C’est également un lieu privilégié pour la plongée sous-marine, l’océan autour de l’île regorgeant de vie. Enfin, nous nous rendons sur la magnifique péninsule Poike, tout à l’est de Rapa Nui. Pendant notre trekking, nous pouvons admirer la terre rouge et la nature verdoyante du lieu. Un petit coin de paradis distinct du reste de l’île par ce paysage si particulier et coloré.

Pour notre dernier jour sur l’île de Pâques, nous partons admirer des moaï plus impressionnants encore sur les sites d’Ahu Uri A Urenga, dont le plus grand moaï a une orientation astronomique très précise,  et Ahu Akivi, dont les sept moaï scrutent la mer, contrairement aux autres, dont la grande majorité regarde vers l’île. Nous découvrons l’endroit où étaient fabriquées les coiffes des statues dans une pierre rouge facilement modelable. Enfin, nous arrivons jusqu’à la merveilleuse caverne Ana Te Pahu, remplie de verdure et d’un petit ruisseau. Elle fait plus de 7 km de longueur, c’est la plus longue de l’île et elle vaut vraiment la peine de s’y arrêter. Enfin, nous terminons la découverte de l’île par le volcan Maunga Tere Vaka, le plus haut point de vue de l’île. De là, nous pouvons même percevoir la courbe de la terre, sur l’horizon de l’océan. Nous sommes ici, à proprement parler, au bout du monde.

Notre voyage s’achève sur un dernier coucher de soleil sur les merveilleux panoramas offert par Rapa Nui. Des lumières uniques et différentes chaque jour, les rayons du soleil entre les moaï encore debout, face à la mer ou à leur île. Un lieu de charme et de culture original, isolé et inattendu, comme une perle du Pacifique encore préservée du trop plein de visiteurs et qui nous plonge dans une histoire mystérieuse et encore méconnue.

 

Joséphine Boone

Carnet pratique

Comment y aller ? Vol Santiago/Hanga Roa 5h
Où dormir ? Hôtel Hangoroa
Un circuit ? Circuit découverte de l’île de Pâques

 

Diaporama

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